Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/140

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capable de la conduite que vous avez tenue chez moi…… Oh ! monsieur, répondis-je en larmes, ne pouvant tenir à ce dernier avilissement, je n’ai jamais fait qu’une faute, et c’est vous seul qui me l’avez fait commettre. Jugez mon repentir par mes malheurs, et ne m’outragez pas dans l’infortune. À ces mots qui devaient l’attendrir, si l’ame des tyrans s’ouvrait à la pitié, si le crime qui la corrompt, ne la fermait pas toujours aux cris de l’innocence ; il me saisit par le bras, m’entraîne à l’extrémité de la maison, et me jette dans une rue détournée qui aboutissait à l’une des portes du jardin…… Que votre ame sensible conçoive ma situation, madame, seule à l’entrée de la nuit, près d’une ville absolument inconnue de moi, dans l’état où je me trouvais, ayant à peine de quoi me conduire, déchirée, blessée de toutes parts, n’ayant pas même la ressource des larmes, hélas ! je n’en pouvais répandre.

Ne sachant où porter m’es pas, je me