Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/230

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et puisque vous oubliez le vôtre à tel point, il m’est permis de ne plus entendre des sentimens que vous ne voulez plus mériter, et l’éclair est moins prompte à dévancer la foudre, que ne l’a été cette tendre et honnête créature à se jeter dans le cabinet de sa mère ; elle y est arrivée en larmes ; elle s’est précipitée sur les genoux de cette mère adorable ; elle l’a conjurée de l’emmener au couvent ; elle lui a dit que le désespoir l’aveuglait, qu’elle ne répondait pas d’elle, et après quelques mots de consolation, madame de Blamont, la laissant à Eugenie et à madame de Senneval, est venue trouver son mari.

Son rôle ici devenait d’autant plus difficile, qu’elle frémissait pour Sophie, elle n’avait point encore pris de parti décidé, quoiqu’elle pressentît bien l’objet du voyage ; elle n’osait pourtant pas s’en informer, elle attendait que son époux s’expliqua le premier ; sa timidité naturelle, les circonstances, tout l’obligeait à des ménagemens. Elle se contint donc, et trouvant