Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/306

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trouverai dans leurs bras la félicité qu’on m’enlève. Que de projets ne formé-je pas dès-lors pour la leur ! je n’apaisais mes maux que par ces idées ; elles seules parvenaient à fermer mes paupières, je ne m’endormais paisiblement qu’avec elles… Je ne voyais plus de revers dès que je croyais avoir trouvé ce qui devait rendre heureux mes enfans. Le ciel ne voulait pas, mon ami, que ce fût encore là pour moi la source du bonheur ; j’eus deux filles, l’une m’est ravie au berceau ; je la retrouve quand je ne peux jamais la revoir… On veut que l’autre soit aussi malheureuse que moi ; et qui,… qui m’assaillit de tous ces maux ? qui me fait avaler, jusqu’à la lie, la coupe amère de l’infortune ? celui que j’ai toujours respecté,… chéri ; celui que l’on m’avait donné pour être le soutien de mes jours, et qui n’en a jamais été que le destructeur :… celui qui s’est tout permis envers moi,… envers moi qui aurais mieux aimé perdre la vie que de lui manquer en