Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/96

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voilà-t-il pas tout de suite un visage par-dessus mon épaule… et puis de grands éclats de rire, parce que je surprends cette tête et que je gronde. — Mais, maman, c’est que c’est moi que cette correspondance regarde, vous l’avez dit. — Eh bien, mademoiselle, j’ai changé d’avis, vous me laisserez bien peut-être jouir une fois de vos plaisirs. — Oh maman… Et puis on ne rit plus, c’est un singulier être pourtant qu’une petite fille dont le cœur est pris. — Tenez, mademoiselle, changeons de rôle, votre père veut que j’écrive à monsieur d’Olbourg, chargez-vous en. — À monsieur d’Olbourg, maman ? — À lui-même. — Et qu’y a-t-il de commun entre cet homme et moi ? — Comment ! n’est-ce pas lui qui doit devenir mon gendre ? — Oh ! vous aimez trop votre Aline, pour la sacrifier ainsi. — Et bien, oui, mais votre père ? — Vous le vaincrez. — Je n’en réponds pas. — Je mourrai donc ? — Allons, venez que je vous embrasse encore une fois avant cette mort, à l’anglaise, et laissez-moi finir ma lettre. — On est venu couvrir de larmes le papier sur lequel j’écrivais. Vous le voyez ; il faut que je change de page,