Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/97

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et la friponne rit et pleure à-la-fois, en me baisant… enfin, elle s’asseoit, et je puis écrire.

Nous avons ici le tableau de la félicité. Eugénie, que nous ne devrions plus nommer que madame Déterville, aime passionément son mari, et elle en est adorée. C’est dans l’asyle du repos et de l’innocence, c’est à la campagne, mon cher Valcour, où le bonheur de s’aimer se goûte mieux selon moi, et où l’on se plait mieux à en comtempler le spectacle… Mais à Paris, dans ce gouffre de perversité, où les mauvaises mœurs forment le bon air, ou l’indécence est une grace, la fausseté de la finesse et la calomnie de l’esprit. On ne connaît rien de ce que dicte la nature, toujours à côté, ou au-delà de ses mouvemens ; on y trouve plus court de persifler que de sentir, parce qu’il ne faut pour l’un qu’un peu de jargon, et que pour l’autre il faudrait un cœur, dont les sensations énervées par la licence et corrompues par la débauche ne retrouvent plus leur énergie. On y chansonnerait un époux qui au bout