Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/249

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très-agréable, et de la même couleur que leur vêtement.

Le gris, le rose et le verd sont les trois seules couleurs qu’ils adoptent pour leurs habits : la première est celle des vieillards, l’âge mûr emploie le verd, et l’autre est pour la jeunesse. L’étoffe de leurs vêtemens est fine et moëlleuse ; elle est la même en toutes les saisons, attendu la douceur et l’égalité du climat ; elle ressemble un peu à nos camelots de soie : celle des femmes est la même. Ces étoffes et celles de leurs voiles sont tissues, dans leurs propres manufactures, de la troisième peau d’un arbre qu’ils me montrèrent, et qui ressemble au mûrier. Zamé me dit que cette espèce de plante est particulière à son isle.

Les deux Citoyens qui avaient annoncé le souper furent les seuls qui le servirent : tout se passa avec ordre, et fut fini en moins d’une heure. Mon hôte, me dit Zamé, en se levant, vous êtes fatigué ; on va vous conduire dans votre chambre ; demain nous nous lèverons de bonne heure, et nous jaserons ;