Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/325

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qu’aucun bâtiment n’y pouvaient entrer sans être foudroyé de la nombreuse artillerie qui garnissait ces deux redoutes ; parvenait-on dans la rade, on se retrouvait sous le feu du fort ; échappait-on à des dangers si sûrs, deux vastes boulevards défendaient l’approche de la ville ; ils se garnissaient au besoin de toute la jeunesse de la Capitale, et l’invasion devenait impraticable.

Je n’ai eu ici, grace au Ciel, encore nul

    que d’hier ; je suis Anglais, Monsieur l’hôte, ouvrez-moi, et dans l’instant tout accourt, tout reçoit le voyageur avec empressement. N’est-il donc pas affreux que le discrédit de la Nation soit maintenant tel, qu’il faille la déguiser, la renier pour s’introduire chez l’étranger, non pas seulement dans le monde, mais même dans un cabaret : eh pourquoi donc ne pas se faire aimer, quand il n’en coûterait pour y réussir, que d’abjurer des torts qui nous déshonorent même chez nous au yeux du sage qui nous examine de sang-froid.