Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/326

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besoin de tout cela, me dit Zamé, et j’espère bien que le peuple ne s’en servira jamais. Vous voyez ces énormes rochers qui commencent d’ici à règner de droite et de gauche, dès qu’ils se sont entr’ouverts pour former la bouche du port, ils deviennent inabordables de toutes parts, et ils ont plus de 300 pieds de hauteur ; ils nous entourent ainsi de par-tout, ils nous servent par-tout de remparts. Nous aurons donc long-temps à faire jouir ce bon peuple de la félicité que nous lui avons préparée ; cette certitude fait le charme de ma vie, elle me fera mourir content. Nous revînmes.

Vous êtes jeune, me dit Zamé un peu avant de rentrer au palais, il faut vous dédommager de l’ennui que je vous ai causé ce matin, par un spectacle de votre goût.

À peine les portes furent-elles ouvertes, que je vis cent femmes autour de la Reine, toutes uniformément vêtues, et toutes en rose, parce que c’était la couleur de leur âge : voilà les plus jolies personnes de la Capitale, me dit Zamé, j’ai voulu les