Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/462

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tu, s’excitent au culte qu’ils lui doivent, glorifient l’Éternel, bénissent leur gouvernement, et sont heureux.

Leur spectacle les amuse aussi pendant le tems des pluies ; il y a, par-tout, comme dans la capitale, un endroit ménagé au-dessous des magasins, où ils se livrent à ce plaisir. Des vieillards composent les drames avec l’attention d’en rendre toujours la leçon utile au peuple, et rarement ils quittent la salle sans se sentir plus honnêtes gens.

Rien en un mot ne me rappella l’âge d’or comme les mœurs douces et pures de ce bon peuple. Chacune de leurs maisons charmantes me parut le temple d’Astrée. Mes éloges, à mon retour, furent le fruit de l’enthousiasme que venait de m’inspirer ce délicieux voyage, et j’assurai Zamé que, sans l’ardente passion dont j’étais dévoré, je lui demanderais, pour toute grace, de finir mes jours près de lui.

Ce fut alors qu’il me demanda le sujet de mon trouble et de mes voyages ; je lui racontai mon histoire, le conjurant de m’aider