Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/209

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ce premier moment ne fut pas aussi affreux qu’il aurait pu l’être, il nous restait encore de l’espoir, nous n’eûmes que de l’agitation. Mais elle fut très-vive. — Clémentine se promenait à grands pas dans la chambre. — J’étais anéantie sur un sopha, quelques paroles sans suite, nous échappaient avec impétuosité, le moindre bruit nous inquiétoit… Nous écoutions… Nous nous replongions dans nos tristes pensées, on arriva enfin, et ce fût pour nous certifier qu’il n’était certainement rien arrivé chez le sieur Villiams, qui ressembla à ce que nous demandions… N’importe, dit Clémentine, avec une tranquillité contrainte, qui me développa mieux son caractère en ce moment, qu’il ne l’avait encore été pour moi, depuis que nous nous connaissions, n’importe, ordonnez qu’on nous serve à souper… Ils arriveront… Il est impossible qu’ils n’arrivent pas… Nous sommes perdues, me dit-elle, dès que le valet fut sorti, nous ne retrouverons jamais nos effets… nous sommes anéanties Léonore… Et comme