Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/210

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elle vit que je répandais un torrent de larmes,… ne t’affliges pas poursuivit-elle, songe à tous les dangers dont nous nous sommes tirées, nous échapperons encore à celui-ci… Mon enfant, souviens toi qu’avec l’esprit que nous avons, deux jolies filles ne meurent jamais de faim. — Oh ciel ! n’attends jamais que je partage l’infamie que tu me fais entendre. — Je n’ai pas plus d’envie que toi de me livrer à la débauche, je déteste ce genre de vie, non que je croye qu’il offense le ciel, je suis trop loin de ces préjugés pour y céder encore ; non que j’imagine que la corruption des femmes nuise à la société, qu’elle sert bien plutôt, puisqu’elle multiplie les objets de ses jouissances, mais je hais la prostitution pour elle-même, je la crains, parce qu’elle nous ravale aux yeux des hommes, parce qu’elle nous fait mépriser de ce sexe, qui mériterait seul notre indignation, si nous lui faisions justice… Inconséquent qu’il est, il nous entraîne dans l’abime, et ose nous