Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/244

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en proie… Tout tiendrait, pendant cette fatale absence, mon esprit dans une telle agitation, que tu me trouverais morte au retour. — Eh bien donc, du courage ; allons-y toutes deux, et ne craignons rien ; prenons ces armes, continua-t-elle, en se saisissant d’un des couteaux de la table, et me donnant l’autre, et ne ménageons pas ceux qui seront assez lâches pour nous sacrifier à leurs indignes passions… — Allons, dis-je, en me levant, j’accepte le parti.

Je le voyais comme le meilleur ; en y allant, nous pouvions échapper au crime, et recouvrer notre bien ; en n’y allant pas, nous tombions dans une misère certaine, dont le crime seul pouvait nous sortir. Nous convinmes donc de nos faits ; nous disposâmes nos démarches ; nous étudiâmes nos discours, et nous attendîmes l’heure fatale qui allait décider de notre sort… Elle frappa cette heure cruelle, le laquais parut… On vint savoir si nous étions décidées ; —