Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/380

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sonne, bien plus qu’à notre sagesse, que les hommes attachent du mérite ; leur cœur est tellement dépravé, que cette pudeur même que tu crois si précieuse, cesse de l’être à leurs regards aujourd’hui. Ils s’imaginent que nous valons moins dès que nous avons encore ce que l’on ne conserve jamais quand on veut quelque chose, ils croyent que si nous n’avons pas succombées, c’est bien plutôt par la faiblesse de l’attaque, que par la force de la défense ;… Mais à supposer que le mari pour qui tu te conserves, ne sente pas le prix de cet effort… Seule à jouir dans ce cas-là, auras-tu connu de grands plaisirs ? T’imagines-tu que cette sorte de vanité en fasse goûter de bien réels ? Et pour les faibles chatouillemens de l’orgueil, qui ne sont que des jouissances illusoires, tu te seras donc privée de celles des sens dont les délices sont inexprimables ?… Mais allons plus loin, si personne ne divulgue cette faute à l’époux que tu respectes, s’il est certain qu’il peut l’ignorer toujours, te