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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/49

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Oui madame, reprit Léonore, je vais vous donner trop de preuves de sa vivacité, pour ne pas vous prévenir avant tout d’en vouloir bien pardonner les écarts.

Je ne vous répéterai point, madame, poursuivit notre héroïne, ce que vous savez du commencement de mon histoire, je vois trop combien vous désirez d’apprendre quel fut l’événement affreux qui me sépara de Sainville à Venise, pour ne pas en venir tout d’un coup au développement de cette catastrophe.

Une prudence mal-entendue, et que je me suis reprochée bien des fois depuis, devint la seule cause de ce malheur. Le noble Fallieri, qui troubla si cruellement notre union, ne m’avait point caché ses projets ; je les avais appris dans une lettre signée de lui, qu’il m’avait fait tenir par un de nos gondoliers ; et m’étant contentée de dire à cet émissaire, qu’il pouvait assurer celui qui le faisait agir, qu’il perdait et son tems et ses peines ; pour éviter des querelles et des éclaircissemens ;