Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/76

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server pure à l’unique objet qu’elle adore, me fit répandre des larmes que Duval surprit bientôt ; il me demanda mon secret, je ne le lui cachai pas. Consolez-vous belle Léonore, me dit-il, quoique sur les côtes d’Afrique vous n’êtes pas tombée chez un barbare, j’ai pour vous tous les sentimens que votre figure inspire, mais je ne ferai point violence aux vôtres, les mériter sera ma seule étude, vous ne me verrez travailler qu’à cela… Hélas ! monsieur, répondis-je, émue de l’apparence d’un procédé qui me trompa, qu’espéreriez-vous du tems, puisque ma main ni mon cœur ne sont plus à moi, soyez généreux jusqu’à la fin, daignez vous faire informer du sort de l’époux, dont j’ai été si cruellement séparée à Venise ; faites lui dire que je suis dans vos mains, il vous remettra sur-le-champ, soyez en bien sûr, la somme que vous venez de débourser pour moi, et vous aurez fait trois heureux. — Trois ? — Oui trois, monsieur, je le répète, et je crois votre ame trop belle, pour que je ne vous