Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/103

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dommagement des vertus, dont ils manquent, que des sacs d’or, dont ils n’oseraient avouer l’origine. Le peu de bien dont je jouis est à moi, et celui de l’homme que vous offrez à votre fille est la dot de la veuve, le patrimoine de l’orphelin et le sang du peuple, frémissez de donner à vos petits enfans des richesses acquises au prix de l’honneur,… des trésors que pourrait à l’instant réclamer l’infortune, si l’équité régnait dans ce tribunal avili dont vous vous targuez d’être membre. — Vous ne voulez donc pas monsieur renoncer à ma fille. — Je le ferai quand elle l’exigera, quand elle me dira que je ne suis pas digne d’elle. — Vous causerez son malheur, ma parole est donnée et je ne la reprendrai pas. — Et par quelle affreuse injustice le bonheur d’un ami vous devient-il plus cher que celui d’Aline ? — Celui de tous les deux me l’est également, et je ferais celui de tous les deux, si vous ne tourniez pas la tête de ma fille. — Si pour faire le bonheur de cette fille, considération unique à laquelle tout