Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/212

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rapidement. Songe qu’en m’aimant ainsi, tu me regretteras bien moins si tu me perds. Qu’importe que ce qui doit finir disparaisse, quand nous avons la certitude délicieuse que ce qui ne doit point éprouver d’altération, ne saurait nous échapper jamais. Qu’aimeras-tu de moi, je t’en prie, quand cette masse réduite en poussière, n’offrira plus dans le fond du cercueil, que quelques débris d’ossemens ? À supposer même que ces attraits défigurés pussent se réaliser à tes sens, ils n’y reparaîtraient que pour ton désespoir, tandis que les expressions de cette ame que je veux que tu préfères, ne viendront flotter sur la tienne que pour l’épanouir et la vivifier.

Il y a mieux, c’est qu’il me semble que je t’aimerais davantage, si tu consentais à ne m’aimer qu’ainsi ; j’épurerais si bien les sentimens de l’ame qui ferait ton bonheur, que le culte qu’elle te rendrait alors, serait absolument semblable à celui qu’elle offre à son Dieu… Plus de séparation,… plus rien qui puisse nous troubler, nous