Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/23

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Elle vit l’autre jour madame de Blamont aider selon son usage, des pauvres qui venaient implorer ses secours ; elle badina de ce procédé avec un air de dureté qui ne plut à personne. Elle fut même jusqu’à se refuser d’imiter sa mère. Madame de Blamont lui en demanda le motif avec un peu d’humeur : vous avez été malheureuse vous-même, lui dit cette femme tendre et compatissante ; comment à de telles épreuves n’avez-vous pas appris à soulager l’infortune ? — Elle répondit qu’elle agissait sur cela par principe, comme dans toutes les actions de sa vie ; qu’il n’y avait rien de plus dangéreux que les aumônes ; qu’elles ne servaient qu’à entretenir la misère et

    vaudrait cent fois mieux les étouffer que de les faire connaître ; la publicité des procès de Lavoisin et de Labrinvilliers ont fait commettre cent crimes de la même espèce ; il faudrait pour l’intérêt des mœurs qu’il y eut certains crimes que l’on n’osât même jamais soupçonner.