Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/233

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un peu reposé, j’en repartis à huit, précédé d’un guide, qui se chargea de me conduire en moins de cinq heures au village du Haut-Chêne.

J’y arrivai en effet sans accident ; et ne voulant pas que cet homme fût témoin de ce que j’allais y faire, je le congédiai sitôt qu’il m’eut montré le hameau. Oh monsieur ! me dit la mère de Colette, dès qu’elle me vit entrer chez elle, avec quelle impatience ces dames vous ont attendu hier. Vous leur avez donné bien de l’inquiétude : elles ne sont sorties qu’à la nuit tout en pleurs ; et je suis bien sûre qu’elles n’auront pas été retirées avant l’orage… Pars, pars, Colette, ajouta-t-elle, en s’adressant à sa fille ; va tôt les avertir mon enfant ; tu sais comme elles nous l’ont recommandé, quitte tes sabots pour aller plus vîte ;… et vous, brave homme, reposez-vous pendant ce temps ;… hélas ! continuait cette bonne femme, en m’offrant tout ce qu’elle avait chez elle, nous sommes bien pauvres, monsieur : et nous ne vous présenterons-