Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/237

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larmes ;… eh qu’importe mon ami ! me dit-elle, qu’importe d’être un peu plus, un peu moins malheureuse, je la serais tout de même sans vous, j’ai du moins pour consolation de l’être en vous servant ;… une de ses mains pressa la mienne à ces mots, et ma bouche s’imprimant sur cette main chérie, y grava les baisers de l’amitié et de la reconnaissance la plus vive… Mon ami, me dit Aline, en m’attirant vers elle, vous me promettez de m’écrire,… vous me jurez bien d’être exact ? — Oh ciel ! pouvez-vous en douter ?… Eh bien ! continua cette fille adorée, en me remettant un porte-feuille superbe ;… tenez, je veux que ceci ne soit destiné que pour mes lettres ;… je vous defends de l’employer à d’autre usage… Je saisis ce meuble précieux ;… je le baise,… je le dévore ;… un ressort part, et le portrait de mon Aline vient enivrer à-la-fois et mon ame et mes yeux ; au bas de ce portrait chéri, son sang,… le sang de la divinité que j’idolâtre avait tracé deux lignes, qui s’imprimèrent aussi-tôt dans mon ame ; c’est d’après elle