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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/242

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dernières expressions de mon amour, et m’élance dans la forêt, avec le dessein de gagner Orléans le même soir,… elles m’apprendront j’espère les suites de cette triste séparation, je t’implore pour l’obtenir d’elle, avec les plus grands détails… Finissons ceux qui me regardent.

Je n’eus pas fait deux lieues, que la nuit qui tomba tout-à-coup me fit craindre de m’égarer comme la veille, l’état dans lequel j’étais d’ailleurs, ne permettant pas même à mon esprit, la possibilité de me conduire, je résolus d’attendre au pied d’un arbre, que l’astre en venant consoler la terre, ramena, s’il était possible, un peu de calme au fond de mon cœur agité. Je m’étendis au pied d’un chène antique, et m’abymant dans mes idées, me livrant à la sombre mélancolie qui semblait appesantir à-la-fois tous mes sens ; je trouvai par la violence même de mes chagrins la possibilité d’un instant de repos,… que n’eut pas obtenu mon ame dans un état, ou moins anéantie, la douleur l’eut pressée