Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/25

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eu que plus d’adresse et plus d’activité à contrarier les coups de la fortune, et à les déterminer en ma faveur. Savez-vous, poursuivit-elle, en s’adressant à sa mère, ce que deviendra l’homme à qui vous faites ainsi l’aumône ? si jamais vos charités lui manquent il se fera voleur. Accoutumé à l’oisiveté ; fait à voir arriver à lui l’argent sans autres peines que celle de le demander honnêtement, il l’exigera le pistolet à la main, quand vous ne céderez plus à ses instances. — Tout cela sont des sophismes de l’esprit, répondit madame de Blamont, ils peuvent être vrais, mais je ne les aime pas dans votre cœur. Que l’homme qui me demande soit pauvre ou non, que l’aumône que je lui donne soit bien ou mal placée, il m’a vivement ému par sa demande, il m’a fait éprouver une jouissance sensible à le secourir, en voilà assez pour que j’y cède. Si ce malheureux est fainéant, apparemment que le travail lui coûte, ainsi je lui fais bien plus de plaisir encore ; or le plaisir que je sens à donner, se règle sur celui