Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/26

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que je fais en donnant, donc je n’en suis pas moins heureuse. — Que dis-je ? donc je le suis davantage, puisque j’ai fait au fainéant, que j’ai secouru, un plaisir plus grand que je ne l’aurais fait au laborieux. Mais supposons un instant avec vous que ce soit un mal d’entretenir la fainéantise, n’en-est ce pas un bien plus grand, de ne pas soulager l’infortune ? or, j’aime mieux commettre un petit mal, pour en prévenir un énorme, que de commettre un tort énorme pour en avoir craint un petit. — Il n’y a point de tort énorme à ne point soulager l’infortune, madame, reprit Léonore, il n’y a que l’inconvénient de lui laisser toute son énergie à côté des dangers très-réels que je viens de vous observer. Le tort énorme dont vous parlez, n’est qu’à entretenir la fainéantise, puisque l’effet qui en résulte, conduit chaque jour des malheureux à l’échafaud. Il est donc énorme ce tort, il ne saurait être plus grand ; mais quel qu’il soit, vous le commetrez, dites-vous, parce que vous y trouvez des délices.