Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/254

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fragile existence pour revoler plutôt vers son Dieu ! À qui donc appartiendra ma vie, si ce n’est à moi ? Qui donc en pourra disposer, si ce n’est moi ? Si cette vie est un don de Dieu, il ne peut exiger que je regarde ou respecte ce don, comme convenable à moi, que tant que rien ne peut m’empêcher de voir ainsi ; mais quand ce bienfait devient onéreux, quand il pèse au lieu de me servir, je puis le rendre sans crainte à celui de qui je l’ai reçu. Je suis une ingrate, sans doute, si voulant jouir de ce bienfait, je souille de crimes cette carrière qu’il ne m’est permis de suivre que pour glorifier celui qui m’y place ; mais si c’est au contraire la crainte d’être exposée à en commettre, qui m’oblige à rendre le don que je profanerais en le gardant, je ne fais assurément aucun mal à m’en défaire.

Mon ami ! pardon de ces idées… une puissance plus forte que moi me les inspire… Si cette voix qui me les dicte allait m’obliger à les suivre… si j’allais vous lai-