Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/255

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sser sur la terre !… si vous alliez perdre celle que vous avez tant aimée ! chéririez-vous toujours sa mémoire… vous occuperiez-vous de cette tendre Aline ? vivrait-elle toujours dans votre pensée ? serait-elle sans cesse l’ame de votre vie… l’élément de votre existence ?… Ô ! mon cher Valcour ! s’il daigne m’écouter ce Dieu que j’implore… je lui demanderai pour grace… que le souffle qui anima jadis le corps de celle que vous aimiez, puisse venir quelquefois agiter le votre ; et si j’obtiens cette faveur, observez les jours où vous m’aimerez le mieux… remarquez ceux où je vous semblerai plus présente ;… ces jours-là mon ami seront ceux, où l’ame de votre Aline aura obtenu de revivre en vous, où vous ne serez plus animé que par elle…

Ma mère sonne… j’avais profité d’un instant de repos pour vous écrire… elle s’éveille… Dieu ! elle est plus mal que jamais ; des frissons… des vomissemens ;… infortunée que je suis… plus rien d’obscur pour moi dans l’avenir… il est brisé ce voile