Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/370

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malheureuse fille, elle retrouvera dans ce sein sacré le calme et le repos qu’elle n’a pu rencontrer dans le monde… Ouvrez vos bras, ma mère ; ouvrez-les que j’y descende… Daignez recevoir votre fille dans l’asyle où vous reposez… Mourons ensemble puisque nous n’avons pu y vivre… Les barbares ! ils ont voulu m’immoler sur votre tombeau… Vos cendres n’étaient pas refroidies, que le crime était déjà dans leur cœur… Que dis-je, ils avaient peut être tranché le fil de votre vie, pour mieux conduire celui de leur odieuse trame !… J’ai résisté ma mère, et cependant je ne suis plus digne de vous. Nos chairs vont reposer et se flétrir ensemble,… vous ne m’aurez précédée que de bien peu dans l’abyme de l’éternité,… je m’y plonge après vous, pleine de confiance en la bonté de l’être auprès duquel vous êtes déjà… J’ose espérer qu’il ne me punira point de ma faute j’arriverai près de lui, soutenue par vos vertus, elles m’obtiendront la clémence dont je ne me flatterais pas sans elles.