Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/375

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voix fragile, s’élevant du sein des sépulchres, ressemble à ces météores échapans à l’œil qui les suit… Avais-je tort de t’engager à mépriser ce vase d’argile qui ne devait durer qu’un instant ? que tes yeux pénètrent le nuage de mort où je suis maintenant enveloppée, qu’ils voyent ces traits autrefois chéris, défigurés par les horreurs de la dissolution, et n’ayant plus que le sceau du sentiment indestructible que mon ame imprimât sur chacun d’eux ;… mais si tout est annéanti, s’il ne reste plus de moi que de la poussière, cette ame qui t’aimât subsiste, ne fut-elle pas même immortelle par la pureté de son essence, elle le serait comme ouvrage de ta flamme, et l’être que tu sus animer dans Aline, l’être que créât… que vivifiât ton amour, doit être èternel comme lui. Tu la verras cette ame aimante, elle se réalisera dans tes veilles,… elle apparaîtra dans tes songes ;… elle voltigera près de toi, et s’identifiant à la tienne, elle en réglera les mouvemens, comme la main de Dieu dirige les astres