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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/388

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plus faible que celui qui consent à vivre dans les maux et dans les tourmens ? L’un craint la peine et s’y soumet ; l’autre la brave et s’y résigne… Non, que je désapprouve, en disant cela, l’affreux parti qu’Aline a pris, elle m’arrache tout ce que j’ai de plus cher,… et je ne saurais pourtant la blâmer ;… mais ma position, différente, me permet le choix des moyens, et j’aime mieux ce qui doit entretenir ma douleur, que ce qui me forcerait à la perdre… Une retraite profonde va m’ensevelir à jamais, je me jetterai dans les bras de Dieu,… je m’y jetterai,… et n’adorerai que mon Aline.

Abandonné dès mon enfance n’ayant vécu que pour souffrir,… n’ayant respiré que l’infortune, n’ayant vu luire sur chaque instant de mes malheureux jours que les sinistres feux du flambeau des furies, je devais bien savoir qu’aucune des heures de ma vie ne pouvait s’écouler sans revers,… mais je ne croyais pas à celui-là,… il n’entrait pas dans mon cœur de pouvoir l’admettre une