Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/389

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minute ;… quel asyle irai-je chercher ? Où pourrai-je aller pour la fuir ? Quels lieux ne m’offriront pas son image ?… Je la verrai par-tout ;… elle me poursuivra dans la retraite, elle s’offrira sous les traits de ce Dieu, au sein duquel j’aurai cru le bonheur… Ô mon ami ! entr’ouve-moi le tombeau qui l’enferme ;… ce n’est que là qu’il m’est permis de vivre. Laisse-moi l’aller mouiller chaque jour des larmes amères de mon désespoir…… Qui sait si cette ame ardente et sensible, uniquement embrâsée du feu de l’amour, ne se rallumera pas à toute la violence du mien. Ouvre-moi son cercueil, te dis-je, que je la ranime ou que je meure…… Je cesse d’écrire,… ma raison s’égare ; trop violemment aigri,… je deviendrais bientôt ou stupide ou cruel… Adieu… Aime-moi,… oublie-moi, ne cherche jamais sur-tout à savoir où je suis ; si malgré tous mes soins,… ton amitié découvre ma retraite, je verrai ton souvenir bien plutôt comme une preuve de mépris, que comme des marques d’une