Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/40

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larmes, — Oh mademoiselle ! c’est donc là votre sœur ?… Elle est plus heureuse que moi, puisse-t-elle sentir sa félicité !

Quoiqu’il en soit, malgré le peu de contentement que madame de Blamont a retiré de cette découverte, elle est décidée à ne rien refuser à Léonore de tout ce qui pourra l’aider à rentrer dans les biens de madame de Kerneuil ; elle la servira, sans doute, elle et ses amis, de tout son pouvoir. Quoiqu’elle y éprouve toujours une sorte de répugnance, née de ce qu’elle croit d’illégitime à ce procédé. Pour Aline, malgré qu’elle sente l’extrême éloignement du caractère de Léonore au sien, elle ne l’en aime cependant pas avec moins de tendresse. Une ame honnête ne trouve jamais dans les défauts de ce qu’elle doit chérir, des raisons d’éteindre ses sentimens ; elle pleure en silence et ne se refroidit point.

J’imagine que quand tu recevras cette lettre, tu auras déjà vu celle qui en fait l’objet, et que tu l’auras jugé vraisem-