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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/50

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cœur… Nous en avons bien pleuré, votre Aline et moi ; tout ce qui n’est pas tendre et délicat comme elle, lui paraît si gigantesque… Cependant elle aime Léonore, cet héroïsme de fidélité conjugale est un mérite qui l’enchante : elle dit qu’avec cette vertu-là, on peut acquérir toutes les autres… Et vous êtes bien aise qu’elle ait dit cela, n’est-ce pas, Valcour ? voilà pourquoi je vous le répète… Ah ! comme je l’adore, et comme elle me dédommage ! Tantôt mon cœur se livre à l’orgueil, quand je considère celle-ci :…  tantôt il s’humilie quand je vois tous les défauts de celle-là… Ah ! c’est une permission du ciel ! je me serais crue trop fière, si j’avais eu deux enfants comme Aline ! Il a voulu diminuer mon triomphe de l’une, mais il a redoublé mon amour pour l’autre… elle sera pour vous, celle que j’aime, c’est le plus beau présent que je puisse faire à mon ami, c’est le plus doux lien qui puisse m’enchaîner à lui : adieu, méritez-là, aimez-nous et ne m’écrivez plus à la campagne.