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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


femme comme vous est précieuse ! et qu’il sera heureux, celui qui parviendra à lui inspirer des sentiments moins sévères !

Ici, Adélaïde concevant aussitôt de quelle utilité pouvait lui devenir ce jeune homme, l’accueillit d’un sourire gracieux, en l’assurant que les peines qu’il prenait pour un autre étaient tout à fait inutiles ; que son cœur ne pouvait se dégager des liens qui le captivaient maintenant ; mais qu’aussitôt qu’elle aurait rencontré quelqu’un plus digne de lui en donner de nouveaux, elle changerait peut-être d’opinion.

Dourlach se retira point trop fâché de n’avoir qu’une semblable réponse à porter au margrave et croyant démêler, au travers de tout cela, que la prétendue baronne, nullement insensible, pouvait lui laisser croire qu’il ne ferait peut-être pas mal de ne travailler que pour lui.

Cette sorte de fatuité était pardonnable à vingt-huit ans ; mais avait-elle quelque fondement ? Si cela était, comment la princesse de Saxe renonçait-elle tout à coup à la fierté naturelle de son âme et au sentiment du plus violent amour qui l’attachait au marquis de Thuringe ? Hâtons-nous de développer ses motifs : il serait pénible pour nous de laisser à nos lecteurs la faculté de lui en prêter qui s’arrangeraient aussi