Page:Sade - Dorci, ou la Bizarrerie du sort, 1881.djvu/49

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être… Ô monsieur ! monsieur ! vous n’êtes jamais entré dans une maison plus misérable que la nôtre… on dit que Dieu n’abandonne jamais l’infortune, et nous voilà pourtant bien délaissées !… »

Paul qui vit, au désordre de cette fille, à ses propos sans suite, à l’état déchirant de la mère, qu’il était vraisemblablement arrivé dans cette maison quelque catastrophe épouvantable, et, trouvant là pour son âme tendre une occasion si belle d’exercer la vertu qui lui était familière, commença par supplier ces deux femmes de se calmer, leur renouvela plusieurs fois, pour les y engager, l’assurance positive de les protéger, et exigea d’elles de lui raconter le sujet de leurs peines. Après de nouveaux torrents de larmes, suite de l’émotion d’un bonheur aussi peu attendu, la jeune Annette, ayant supplié Paul de s’asseoir, lui fit ainsi l’histoire des malheurs affreux de sa famille… récit funeste qu’il lui fut impossible de ne pas souvent inter-