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ISABELLE DE BAVIÈRE

Isabelle était mal servie en Angleterre ; sa fille n’était ni aussi entreprenante ni aussi dépravée qu’elle.

Cependant, l’état de Charles empirait ; ce prince infortuné n’était plus qu’un objet de pitié pour ceux qui l’entouraient, et malheureusement il sentait que ce qu’il éprouvait n’était pas naturel.

« Les maux que j’endure, s’écriait-il quelquefois, sont l’ouvrage de ceux qui me détestent. Ah ! par pitié qu’ils terminent mes jours, c’est la dernière grâce que je leur demande », et sitôt que l’accès se faisait sentir : « Qu’on écarte de moi toute espèce d’armes, disait-il, j’aime mieux mourir mille fois que de faire du mal à quelqu’un. »

Le crime s’effraie toujours ; c’est la première punition que lui réserve la vertu. Quand Isabelle entendait son malheureux époux protester que ce qu’il éprouvait était l’ouvrage de ses ennemis, elle frémissait ; le remords, en naissant, paraissait rétablir l’équilibre, mais bientôt les passions reprenant leur empire, elle leur cédait les droits qu’elle n’avait plus la force de leur disputer. À quel point ce funeste exemple doit convaincre du besoin de se maîtriser dès l’enfance. Eh ! pourquoi donc caresser ce qui doit nous perdre ! pourquoi céder aux poisons de la vie, quand on peut n’en goûter que les douceurs !