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ISABELLE DE BAVIÈRE


dans les appartements du roi appuya par de grands cris tout ce qu’on venait de dire en son nom.

Mais ce fut ici que la fausseté du duc et de la reine parut dans tout son jour. Pour se mieux déguiser l’un et l’autre, pour mieux voiler la part qu’ils avaient à ces troubles, le duc se montra lui-même à la populace en l’invitant à se retirer ; et ne rapportant qu’une réponse vague et insignifiante, il retourne la donner au roi en lui présentant une nouvelle liste, sur laquelle la reine avait eu soin, pour mieux tromper, de comprendre son frère, son confesseur et plus de vingt femmes de sa cour, tous gens dont elle avait sans doute à se plaindre et que par cette détestable fourberie elle sacrifiait à sa vengeance. Toutes ces personnes liées deux à deux et sans distinction de sexe furent conduites à la conciergerie, et l’on contraignit le roi à leur nommer des juges.

De ce moment, les iniquités redoublèrent et le crime échappé des gouffres infernaux parcourut tous les quartiers de la ville, précédé des Gorgones agitant leurs couleuvres.

On arrêtait tous ceux qui n’étaient pas du parti bourguignon, et sans autre forme de procès, on leur écrasait la tête dans les prisons avec les mêmes chaînes dont ils étaient liés ; le corps s’enlevait et