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ISABELLE DE BAVIÈRE


l’on appuyait sur le même mur l’ami, le frère ou le parent du malheureux qu’on venait d’emporter, et le sang ou la cervelle du cadavre inondait les flancs de celui qui prenait sa place[1].

Le parti triomphant n’oubliait pas, comme cela se pratique ordinairement, de comprendre tous ses ennemis dans les listes funèbres, et le glaive de la justice n’était plus que le stylet de l’assassin.

Le peuple ainsi déchaîné voulut faire des lois ; c’est un des caprices de l’anarchie : elle crut de tous temps devoir légitimer ses insurrections par l’apparence de l’équité.

On donna à ce comble d’inepties le titre d’ordonnance cabochienne, du nom de Caboche, l’un des chefs les plus accrédités de l’insurrection. Le roi fut sommé de le faire enregistrer par son Parlement ; il le fit.

Isabelle, toujours l’idole des perturbateurs, retirait des sommes immenses de tous ceux qui consentaient à se racheter par des rançons ; elle partageait avec le duc, et ces sommes étaient destinées au payement de ceux qui les servaient.

Ne perdant jamais de vue ses projets de vengeance, Isabelle sentit que c’était ici le moment de terminer enfin le sort de ce malheureux Des Es-

  1. Voyez sur ces horreurs Villaret, le P. Daniel, Hainaut, etc.