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ISABELLE DE BAVIÈRE


sarts, et d’après cela, par ses ordres, on le sortit de la conciergerie, étroitement lié sur une claie ; on le traîna de cette manière jusqu’à l’hôtel de la Coquille, rue Saint-Denis ; là, on le fit monter dans une charrette. Se flattant toujours de sa délivrance, il souriait au peuple, dont il traversait les flots ; mais son espoir s’évanouit d’une bien cruelle manière quand il se vit en face du lieu de son exécution. Après lui avoir coupé la tête, on la porta au bout d’une lance, et ses restes furent déposés à Montfaucon.

Au sein des douceurs de la vengeance, les deux monstres, dont nous traçons l’histoire, étaient trop bons politiques pour ne pas sentir que cette ivresse ne pouvait être longue, et que celui qui déchaîne le tigre finit souvent par en être dévoré.

Le dauphin, prisonnier dans son propre palais, nourrissait en silence la haine la plus invétérée pour ses tyrans. Ne respectant plus ce malheureux prince, on portait à son égard l’oubli de tous les devoirs au point de l’insulter publiquement.

Jaqueville, qui commandait dans Paris, faisant un soir sa ronde avec le guet, entendit quelque bruit à l’hôtel Saint-Paul ; il entre brusquement dans le salon du jeune prince qui dissipait son chagrin au milieu d’un petit bal qu’il donnait à sa cour. Jaqueville eut l’audace de lui reprocher