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ISABELLE DE BAVIÈRE


sa conduite : le dauphin, justement irrité, tire sa dague pour l’en frapper, et l’eût infailliblement renversé, sans la cotte de mailles dont était couvert ce brigand. Le duc de Bourgogne paraît et rétablit l’ordre, mais en se gardant bien de blâmer Jaqueville. Ce comble d’insulte décida le dauphin à traiter de suite avec d’Orléans. Le résultat de ces négociations fut le projet d’une assemblée à Pontoise, à laquelle le duc de Bourgogne fut invité : il y vint dans l’appréhension où il était qu’on ne démêlât sa conduite souterraine. Il était persuadé d’ailleurs que le dauphin, retenu par le peuple, ne pourrait y venir, et que toutes les apparences de paix seraient aussitôt évanouies que conçues : tout allait pourtant s’arranger lorsque la reine ayant secrètement réuni les chefs de son parti leur parla de la manière suivante :

« Braves soutiens de la bonne cause, leur dit-elle, pourriez-vous être un moment la dupe de ce qu’on trame aujourd’hui contre nos intérêts communs ? La dernière fois que je vous rassemblai, je vous le fis sentir ; mais aujourd’hui les dangers croissent à un point qui doit fixer toute notre attention.

« Ce projet de pacification imaginé, désiré par le dauphin, n’est dû qu’à l’humeur que lui donna dernièrement l’exécution des ordres donnés à Jaqueville, commandant de Paris.