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ISABELLE DE BAVIÈRE

« Mon fils croit se soustraire aux rigueurs qu’une sage administration nous oblige d’énoncer contre lui. En cessant d’être du parti du duc de Bourgogne pour embrasser celui du duc d’Orléans, cet insensé jeune homme ne se doute pas qu’il deviendrait lui-même la première victime immolée par ces factieux dont le besoin, que dis-je, dont le devoir serait de se venger. Et que vous arriverait-il, mes amis, si cette faction sanguinaire se rendait maîtresse de Paris ? Ils dirigeraient sur vos seins les poignards que leur fait redouter votre valeur ; les places se couvriraient d’échafauds ; rien de sacré pour de tels scélérats : l’incendie, le meurtre, le pillage, les violences de tout genre, voilà les représailles qu’ils exerceraient, n’en doutez point ; voilà les sinistres tableaux qui se multiplieraient sous vos yeux, et vous auriez à la fois à pleurer avec ces désastres et l’espoir du sort heureux qui vous attend, et la perte inévitable de ce souverain que vous aimez… celle de ce malheureux enfant qui doit lui succéder un jour, et dont ces monstres extermineraient inévitablement la race entière. Croyez que les rigueurs que nous nous sommes vus contraints d’employer jusqu’à ce moment n’ont eu pour objet que de prévenir leur rage en paraissant aussi méchants qu’eux. Si nous avons fait couler un peu de sang, c’est pour en épargner les flots