juste vengeance, ô mes amis ! quand briserons-nous
les chaînes qui nous captivent sous le joug de
cette indigne faction des Armagnacs qui, servie
par des scélérats, ne peut avoir pour objet que nos
biens et nos existences ? N’est-il pas honteux de
n’oser secouer les liens de cette odieuse tyrannie ?
Lorsque les Parisiens, livrés à leur propre sort,
eurent besoin de s’affranchir, ce fut dans leur sein
même qu’ils trouvèrent et des appuis et des vengeurs.
En admirant nos ancêtres, osons imiter leur
courage : aucun d’eux n’eût voulu exister seulement
une heure au milieu des troubles qu’élèvent
journellement parmi nous les intérêts d’une faction
sanguinaire qui sacrifie tout à sa vengeance, ou à
son ambition démesurée. C’est servir notre souverain
qu’écarter de lui ceux qui ne l’obsèdent que
pour faire refluer sur eux l’autorité dont ils le
privent. Quel est donc ce crime imaginaire dont
on veut que notre sang réponde ? Si Bourgogne fit
périr d’Orléans, il servit notre liberté que Louis
essayait de nous envahir. Par un aveuglement impardonnable
à des citoyens de Paris, nous éloignons
de nos murs ceux qui nous protègent et nous faisons
tout pour y faire entrer, pour y servir, ceux
qui nous volent et qui nous assassinent ! Ouvrons
à la fin les yeux et que le sang de nos tyrans paye
celui qu’ils ont fait couler de nos veines. Si le ciel
Page:Sade - Histoire secrète d’Isabelle de Bavière, reine de France, Pauvert, 1968.djvu/344
Apparence
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
324
ISABELLE DE BAVIÈRE