voir user d’une telle fourberie, qu’on ose dans
le même instant prêter tant de bonne foi ! Convenons
qu’il faut avoir envie de s’aveugler pour
déraisonner à ce point. Le duc fut aussi traître
envers le dauphin qu’il l’avait été toute sa vie
avec ceux auxquels il avait eu affaire : il n’était
franc qu’avec la reine, parce qu’encore une fois
ce n’était qu’avec elle qu’il trouvait tout ce qui
servait son avarice et son ambition ; que ce n’était
qu’elle qu’il avait réellement aimée et non cette
Mme de Giac, seulement son amie, et aux séductions
de laquelle on ose pourtant dire qu’il se
rendit ; ce qui dans une affaire aussi importante
l’eût assurément brouillé avec la reine et plus
encore avec le roi d’Angleterre, qu’il avait tant
de raisons de ménager.
Eh ! non, non, jamais dans aucune de ces négociations le duc de Bourgogne ne cessa d’être faux, et cette fois, il le fut à tel point qu’il scella par tous les serments de la religion son raccommodement avec le dauphin comme si un homme semblable pouvait se croire lié par des serments religieux, lui que n’enchaînaient pas même les plus saintes lois de la nature ; et l’on persiste à croire de la sincérité dans le cœur d’un homme qui venait de jurer tout le contraire dans sa dernière entrevue avec Henri. Non, non, encore une fois,