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ISABELLE DE BAVIÈRE


Montereau, le dauphin balança-t-il tant à se rendre à cette seconde entrevue ? Pourquoi si ce jeune prince eût cru devoir se confier au duc de Bourgogne, d’après ce qu’il avait vu de lui, fut-il cependant très ébranlé par les discours de ceux qui lui représentèrent l’imprudence de compromettre dans un second colloque l’héritier de la France, et de le compromettre avec qui ? Avec un homme souillé de l’assassinat du duc d’Orléans, avec un homme qui depuis un an remplissait la France de malheurs et de crimes et qui n’avait d’autre projet que d’usurper toute la puissance, afin de la partager avec l’Anglais, dont on venait de découvrir le traité qu’avait passé ce monarque avec le duc… avec ce même duc enfin qui faisait maintenant aussi bonne mine au dauphin. Voilà ce qu’objectaient avec tant de raison les amis du jeune Charles pour l’empêcher de se risquer une seconde fois avec un homme aussi dangereux.

Mais était-il nécessaire d’opposer au dauphin tant de motifs de craintes ? Il ne s’agissait que de bien connaître celui qui ne travaillait qu’à le tromper ; il ne s’agissait que de se souvenir que si le duc avait employé tant de fausseté à Pouilly-le-Fort, son usage avait toujours été tel dans toutes ses négociations, bien persuadé qu’il était que le premier talent du négociateur est de trom-