Montereau, le dauphin balança-t-il tant à se
rendre à cette seconde entrevue ? Pourquoi si ce
jeune prince eût cru devoir se confier au duc de
Bourgogne, d’après ce qu’il avait vu de lui, fut-il
cependant très ébranlé par les discours de ceux qui
lui représentèrent l’imprudence de compromettre
dans un second colloque l’héritier de la France,
et de le compromettre avec qui ? Avec un homme
souillé de l’assassinat du duc d’Orléans, avec un
homme qui depuis un an remplissait la France
de malheurs et de crimes et qui n’avait d’autre
projet que d’usurper toute la puissance, afin de
la partager avec l’Anglais, dont on venait de
découvrir le traité qu’avait passé ce monarque avec
le duc… avec ce même duc enfin qui faisait maintenant
aussi bonne mine au dauphin. Voilà ce
qu’objectaient avec tant de raison les amis du
jeune Charles pour l’empêcher de se risquer une
seconde fois avec un homme aussi dangereux.
Mais était-il nécessaire d’opposer au dauphin tant de motifs de craintes ? Il ne s’agissait que de bien connaître celui qui ne travaillait qu’à le tromper ; il ne s’agissait que de se souvenir que si le duc avait employé tant de fausseté à Pouilly-le-Fort, son usage avait toujours été tel dans toutes ses négociations, bien persuadé qu’il était que le premier talent du négociateur est de trom-