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ISABELLE DE BAVIÈRE


portion de la tendresse que vous lui devez rejaillisse sur moi, mon cher Henri ; c’est moi qui ai placé sur votre front la couronne de France, soutenez-en l’éclat ; et surtout, pour régner tranquille, immolez tous vos ennemis : sans cette précaution cruelle, mais nécessaire, on ne vous laissera pas jouir en paix de mon ouvrage. Et comment ma mémoire vous serait-elle précieuse, si vous ne trouvez pas au moins dans le mal que j’ai pu faire, tout le bien que je prétends en retirer pour vous ? «

Henri tomba aux genoux de sa grand-mère et les embrassa tendrement. Isabelle le releva, le pressa sur son cœur et lui dit :

« Mon fils, ne cédez jamais le trône où je vous élève ; il n’y a que vous qui soyez digne de l’occuper. »

Cette scène eût été sans doute fort attendrissante, si la haine profonde que cette femme nourrissait pour Charles et pour la France n’eût pas éclaté à chaque mot ; mais le crime, en se couvrant du masque de la vertu, rend ses traits encore plus hideux.

Le lendemain, Henri dîna chez son aïeule avec le régent et quelques seigneurs anglais.

Le manuscrit cité dans nos dernières notes, et dont nous nous appuyons dans tout ce qui vient