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ISABELLE DE BAVIÈRE


table, le jeune roi repartit pour Rouen, d’où il repassa bientôt dans ses véritables états.

Sur ces entrefaites, Anne de Bourgogne, duchesse de Bedford, vint à mourir, et peu après le régent épousa Jacqueline de Luxembourg, ce qui déplut souverainement au duc de Bourgogne et détermina entre ces deux puissants chefs de partis une division que tout annonçait depuis quelque temps. En vain le cardinal de Winchester essaya-t-il un rapprochement : ce qui devait conduire à la réussite de ce projet fut précisément ce qui le rompit ; et l’orgueil des deux princes blessé dans l’étiquette de leur entrevue à Saint-Omer, ranima pour toujours le germe des divisions qui existait dans le cœur de l’un et de l’autre.

Cette rupture ramenait infailliblement un prince aussi grand, aussi généreux que Philippe de Bourgogne aux pieds de son souverain légitime, abandonné, trahi jusqu’alors par des motifs d’une vengeance aveugle que le temps et les circonstances devaient nécessairement apaiser.

Isabelle sentit quel coup un tel raccommodement allait lui porter. Alors son esprit familiarisé avec le crime conçut l’horrible idée de préférer la mort de Philippe à la douleur de le voir bien avec son fils. De l’idée à l’exécution de cette mort désirée par elle, il n’y avait pas loin dans une telle