âme. En conséquence, Isabelle trouva le moyen
d’armer un scélérat nommé Gilles de Postel et de
l’engager à tuer le duc de Bourgogne. Ce crime
heureusement ne fut pas consommé : Postel fut
décapité à Mons ; mais sans rien révéler, puisqu’il
rejeta l’horreur de ce projet sur la comtesse douairière
de Hainaut, tandis qu’il appartenait en entier
à l’infâme Isabelle[1]. Enfin une conférence fut
ouverte à Paris ; le duc de Bourgogne devait y
servir de médiateur entre Charles et Henri ; la
supériorité de ce rôle et la part qu’allait prendre
le duc dans une négociation où il ne dépendait
que de lui de faire pencher la balance du côté qui
lui conviendrait, l’engagea à ne paraître à cette
assemblée qu’entouré du faste le plus imposant.
L’entrée de la duchesse de Bourgogne était magnifique ;
et voilà quelle fut la cérémonie qu’Isabelle
ne vit que de sa fenêtre… avec un dépit facile à
comprendre. En effet de quel œil pouvait-elle se
voir derrière le rideau d’une scène où elle avait
autrefois rempli le premier rôle ? Le père de ce
prince, pouvait-elle dire, entrait jadis avec moi
dans cette même ville…, où rien ne se faisait que
par nos ordres ; et maintenant, triste, isolée, ce
- ↑ Voyez l’Histoire des comtes de Hainaut, ouvrage écrit par un moine allemand et qui se trouvait en 1772 au palais du gouvernement, à Mons.