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ISABELLE DE BAVIÈRE


rants que seraient les remords qu’ils feraient naître en nous, ils ne me vengeraient qu’à demi. »

Telles furent les dernières paroles d’un prince sage ; elles étaient terribles sans doute, mais devaient-elles éteindre les passions de ceux qui n’avaient fait que les écouter ?

À peine Charles V a-t-il fermé les yeux que le duc d’Anjou sent à quel point il lui devient important de profiter d’une autorité que limitent aussi sagement les dernières volontés du feu roi ; il s’empare des trésors ; non content de laisser subsister les impôts, il les augmente, et devient par cette coupable conduite la cause inévitable des séditions populaires dont on va bientôt voir les suites.

Berri, collègue de d’Anjou, a tous les défauts de son frère, et peut-être eussent-ils produit les mêmes effets, s’ils n’eussent pas été paralysés par me stupide indolence, ou s’ils eussent été soutenus par plus de pouvoir.

Le duc de Bourgogne a de grandes qualités : affable, magnifique, libéral ; s’il ulcère les cœurs en secret, il les séduit au moins en public.

Bourbon vaut mieux peut-être ; mais sa faiblesse et sa modération nuisent à ses vertus. L’orgueil est permis aux talents ; il les élève et les nourrit.

Le régent bien moins occupé des soins de l’état que du désir de régner à Naples où la reine Jeanne l’appelle, ne voit dans le pouvoir qu’il acquiert en France, qu’un moyen de plus de suivre ses projets. C’est au prix des