de plaire aux mécontents. Plus de patriotisme où parle
l’intérêt personnel ; et le séditieux, sans pudeur, ne se
console de l’obligation où il se trouve de renoncer à ses
projets qu’en racontant avec complaisance tout ce qui
peut flétrir les succès de Rosebeck. Les massacres des
habitants ensevelis sous les cendres de Courtrai sont
aussitôt attribués, non sans cause, au régent qui veut
soumettre cette ville infortunée ; de ce moment, ils
s’unissent à ceux dont les larmes coulent sur ces horreurs.
Mais si leur mécontentement contre le duc de Bourgogne
s’accroît en raison de ces torts, celui qui les a eus, et
qui en projette d’autres, ne peut que sévir avec plus de
force contre des gens qui veulent à la fois le punir et le
pénétrer. Ses procédés le prouvent, et le Parisien inquiet
sort de ses murs au nombre de vingt-cinq mille hommes
armés, qui garnissent à l’instant les hauteurs de Montmartre
et la plaine de Saint-Denis par où doit rentrer le
roi. Des députés s’avancent avec respect vers lui, dès
qu’ils l’aperçoivent, en l’assurant que les forces déployées
par les Parisiens à ses yeux n’ont d’autre objet que de
montrer au roi ce qu’ils peuvent, si Sa Majesté les requiert.
Charles paraît satisfait ; mais opposant avec dignité le
juste orgueil d’un monarque à la fière politique de son
peuple, ce n’est qu’en vainqueur d’une ville conquise
qu’il rentre dans sa capitale. Les barrières élevées par les
factieux se détruisent, et les troupes se logent chez le
bourgeois. Les ducs de Bourgogne et de Berri parcourent
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ISABELLE DE BAVIÈRE