rappelé à la vie une malheureuse créature qui
ne cessera de vous en remercier, mais vous aurez
même rendu l’honneur à une famille qui se le
croit ravi injustement.
Mademoiselle, dit le comte de Luxeuil après avoir prêté toute l’attention possible au récit d’Émilie, il est difficile de vous voir et de vous entendre sans prendre à vous le plus vif intérêt ; sans doute vous n’avez pas été aussi coupable qu’on a lieu de le croire, mais il y a dans votre conduite quelque imprudence qu’il doit vous être bien difficile de vous dissimuler. — Oh monsieur ! — Écoutez-moi, mademoiselle, je vous en conjure, écoutez l’homme du monde qui a le plus d’envie de vous servir. La conduite de votre amant est affreuse, non seulement elle est injuste, car il devait s’éclaircir mieux et vous voir, mais elle est même cruelle ; si l’on est prévenu au point de n’en vouloir point revenir, on abandonne une femme dans ce cas-là, mais on ne la dénonce pas à sa famille, on ne la déshonore pas, on ne la livre pas indignement à ceux qui doivent la perdre, on ne les excite pas à se venger… Je blâme donc infiniment la conduite de celui que vous chérissiez… mais celle de vos frères est bien plus indigne encore, celle-là est atroce à tous égards, il n’y a que des bour-