reaux qui puissent se conduire ainsi. Des torts
de cette espèce ne méritent pas de pareilles
punitions ; jamais les chaînes n’ont servi à rien ;
on se tait dans de tels cas, mais on ne ravit ni le
sang ni la liberté des coupables ; ces moyens
odieux déshonorent bien plus ceux qui les
emploient que ceux qui en sont les victimes, on a
mérité leur haine, on a bien fait du bruit et on
n’a rien réparé. Quelque chère que nous soit la
vertu d’une sœur, sa vie doit être d’un bien autre
prix à nos yeux, l’honneur peut se rendre, et non
pas le sang qu’on a versé ; cette conduite est
donc si tellement horrible, qu’elle serait très
assurément punie si l’on en portait plainte au
gouvernement, mais ces moyens qui ne feraient
qu’imiter ceux de vos persécuteurs, qui ne
feraient qu’ébruiter ce que nous devons taire, ne
sont pas ceux qu’il nous faut prendre. Je vais
donc agir tout différemment pour vous servir,
mademoiselle, mais je vous préviens que je ne
le puis qu’aux conditions suivantes : la première,
que vous me donnerez positivement par
écrit les adresses de votre père, de votre tante,
de la Berceil, et de l’homme où vous mena la
Berceil, et la seconde, mademoiselle, que vous
me nommerez sans aucune difficulté la personne
qui vous intéresse. Cette clause est tellement
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Apparence
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ÉMILIE DE TOURVILLE
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