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AUGUSTINE DE VILLEBLANCHE
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je gage… Ah, qu’il sera fortuné cet homme, et que je voudrais être à sa place ! Consentiriez-vous bien à m’épouser, moi par exemple, dites-le franchement, fille céleste. — Hélas, vous le savez, monsieur, quand on est jeune, suit-on les mouvements de son cœur ? — Eh bien, mais refusez-le, ce vilain homme, nous ferons ensemble une plus intime connaissance, et si nous nous convenons… pourquoi ne nous arrangerions-nous ? je n’ai Dieu merci besoin d’aucune permission, moi… quoique je n’aie que vingt ans, je suis maître de mon bien et si vous pouviez déterminer vos parents en ma faveur, peut-être avant huit jours serions-nous vous et moi liés par des nœuds éternels. Tout en jasant, on était sorti du bal, et l’adroite Augustine qui n’amenait pas là sa proie pour filer le parfait amour, avait eu soin de la conduire dans un cabinet très isolé, dont par les arrangements qu’elle prenait avec les entrepreneurs du bal, elle avait toujours soin de se rendre maîtresse. — Oh Dieu ! dit Franville, dès qu’il vit Augustine fermer la porte de ce cabinet et le presser dans ses bras, oh juste ciel, que voulez-vous donc faire… Quoi, tête à tête avec vous, monsieur, et dans un lieu si retiré… laissez-moi, laissez-moi, je vous conjure, ou j’appelle à l’instant au secours.